LA SORTIE AU THEATRE de Karl VALENTIN
- Trois acteurs pour cette pièce:
Nathalie Régis Maguy
QUI EST QUI ?
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Nathalie : dans le rôle de la femme.
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Régis : dans le rôle du mari.
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Maguy : dans le rôle de la voisine.
La pièce en photos . ( Photos: répétition du 25 janvier 2008 au foyer.) ( J-15 )
La femme entre précipitamment chez elle en annonçant à son mari que leur logeuse lui a encore fait un cadeau. Celui-ci demeure absorbé comme à son habitude par sa passion : le jeu du sucre.
_Devine voir quel cadeau elle m'a fait ?
_Ne fais pas l'idiote, dis-le.
_Tiens, regarde, deux billets de théâtre pour Faust !
Pourquoi la logeuse leur a-t'elle offert deux billets de théâtre ? Pourquoi n' y va-t'elle pas elle-même, cette vieille pie ? Et quand est-ce que ça commence ?
_Ca commence en général à huit heures !
_Non, ça commence entre sept heures et demie et huit heures !
Et le gamin ? Il faut le prévenir.Il faut lui écrire un petit mot.
_Mais comment est-ce qu'il s'appelle déjà ? ...C'est qu'on lui dit toujours "gamin" !
Le petit mot est enfin rédigé. Où le placer ? Sur la table ? Mais peut-être qu'il ne le verra pas tout de suite ! Quand il rentre, il rentre par la porte . Donc , on va le poser là ! Par terre...
_Et il va marcher dessus avec ses bottes sales et il ne pourra plus le lire.
_Trouvons un autre endroit...
Le mari propose de placer le petit mot sur le miroir . Madame s'interroge: "Et si il ne va pas y regarder ?" Il faut lui écrire un autre petit mot pour le prévenir qu'il a un petit mot à lire !
La rédaction du deuxième petit mot commence.
_Bon, écris : "Quand tu rentres , regarde tout de suite dans le miroir."
_Bon, j'écris : _quand tu rentres, regarde tout de suite dans le miroir , tu verras quelque chose .
Le deuxième petit mot terminé, les préparatifs peuvent enfin reprendre.
_Fanny, où as-tu mis mes pinces à cravate ?
_Et voilà que recommence la chasse à la pince à cravate...
Elle prend la boîte à pinces et la lui montre. Le mari se rue sur elle, il fouille avidement dans la boîte, finit par trouver une pince et la lui brandit triomphalement sous le nez.
Madame peut enfin se préparer...Elle part s'installer à sa coiffeuse.
_Fanny, fais-moi mon noeud de cravate avant que je devienne fou !
_Il faut que tu me fiches la paix où je ne serai jamais prête.
Cependant elle s'approche de Monsieur et lui demande de tenir son fer à friser. Elle le prend par le manche et lui tend la partie brûlante en métal.
_Aïe, tu me donnes le fer brûlant comme ça dans la main.
_Comment veux-tu que je te le donne, je ne peux quand même pas te le donner comme ça !
Elle prend le fer par la partie en métal et lui tient le manche en bois sous le nez, ce faisant elle se brûle aussi !
_Aïe !
_Ma pince à cravate !
Monsieur s'aperçoit qu'il a jeté sa pince à cravate par terre et qu'elle est sous le buffet. Madame s'inquiète de l'heure et se précipite pour protéger sa belle vaisselle et ses bibelots tandis que Monsieur remue sans retenue le buffet pour récupérer sa pince.
La pince récupérée, Madame s'agace: _Maintenant je m'habille, qu'il y en ait au moins un de près...
_Je mets ma robe marron ?
_Oui.
_Ou la rose ?
_Oui.
_Je ne peux tout de même pas mettre deux robes !
Après avoir mis sa chemise , Monsieur s'énerve contre ses lacets en nouant ses chaussures.
Fanny entre en coup de vent, vêtue de sa robe rose...
_Tiens, ferme-moi donc ma robe, je n'y arrive pas toute seule.
_Oh là là, et revoilà les cinq cents petites agrafes.
_Non, n'aie pas peur, j'ai fait mettre une fermeture éclair. Avant, c'était horrible, quand...
_ Ne parle pas temps, tache d'être prête.
Un lacet lui casse entre les doigts, il peste et jure.
_Ne sois pas donc si nerveux ! Je ne sais pas, moi, les autres vont aussi au théâtre.La prochaine fois, je te mettrai du fil de fer que tu le casserais quand même.
Elle sort...
Le mari fait un noeud à son lacet, se lève, frappe un peu des deux pieds, puis il met son manteau et son chapeau.
Prêt, il va et vient nerveusement à petits pas tandis que Madame hésite entre un chapeau et un foulard de théâtre. Le mari s'agace et presse sa femme qui remet en ordre sa coiffeuse.
Le mari bougonne, elle aussi... Et la dispute éclate !
_Pour une fois que quelque chose me fait plaisir, c'est bien comme ça chez nous, travailler toute l'année, là, je suis assez bonne, mais..
_Et moi pour gagner de l'argent.
_Nous y revoilà, je te connais va, maintenant on va se disputer pendant tout le trajet, et au théâtre, et pendant la moitié de la nuit...Je suis tellement énervée, je ne veux plus sortir et je ne veux plus sortir !
_ Comment veux-tu que j'aille tout seul au théâtre avec deux billets ?
_ Mais enfin, je n'y peux rien si on me fait cadeau de deux billets.
_ Ca, je l'attendais, en avant ! Direction le théâtre...
Madame refuse, veut aller au lit et se plaint d'avoir attrapé un mal de tête. Le mari va au buffet, prend une boîte de cachets et lui en donne un à prendre immédiatement. Ce qu'elle fait ! ...
_Halte ! tu l'as déjà avalé ? Recrache-le !
_Tu ne m'as pas donné ce qu'il fallait ?
_Mais aussi, tu bouffes tout ce qu'on te donne !
_Parle, qu'est-ce que tu m'as donné ?
_ Des pilules FUCA pour purger...
Le mari réussit enfin à convaincre sa femme à sortir quand même au théâtre. C'est alors qu'elle remarque l'état de la chemise et du pantalon de son mari:
_ Une fois de plus, tu es habillé comme un vieux dégoutant, les gens vont penser que je suis une souillon !
_ Ca ne fait rien.
_ Je ne sors pas avec cette chemise et ce pantalon, va te changer immédiatement !
Le mari se déshabille et il est en chemise quand arrive la voisine. Elle a une tasse à la main. Lorsqu'elle voit le mari déshabillé, elle pousse un cri d'épouvante et laisse tomber sa tasse.
_ Pourquoi est-ce que vous ne frappez pas, et toi, tu restes planté là, tout nu ! Va dans la chambre à coucher ! Nous n'avons pas le temps, nous allons au théâtre.
_ Je vous en prie , un petit peu d'huile pour la salade, si vous pouviez m'en prêter.
La femme lui verse de l'huile dans la tasse. Entre-temps le mari est rentré. Il tient encore son pantalon dans la main et heurte le coude de sa femme juste au moment où elle est en train de verser. L'huile dégouline sur la robe de sa femme.
_ Jésus, il ne manquait plus que ça, ma belle robe, il y a de quoi pleurer.
La voisine est vraiment désolée, leur souhaite un bon amusement et sort.
Monsieur enfile son pantalon pendant que sa femme accélère les préparatifs car ils risquent d'arriver en retard !
Il s'habille, ses mains ont des ailes, le chapeau, la pince à cravate et la montre tombent par terre, il met la montre dans son pantalon, elle tombe par la jambe; sa femme lui dit ce qu'il doit prendre:
gilet, manteau, parapluie, porte-monnaie, mouchoir, clefs, tabac à priser... Il passe sa main dans la doublure, puis le parapluie par le col du manteau; il en résulte un effroyable méli-mélo.
_ Attends, il nous manque encore les jumelles de théâtre, c'est toi qui les porte.
Elle sort d'un tiroir une paire de jumelles dans son étui et la lui tend. Le mari les laisse tomber.
_ Elles sont foutues.
_ C'est le bouquet. Ah, heureusement elles n'étaient pas dedans sinon elles seraient cassées !
_ Tu as les billets ?
_ Non, c'est toi qui les as.
_ Non, c'est toi.
_ Ce serait un comble si on n'avait pas de billets...
_ Halte, les voilà, dans ma poche !
_ Maintenant, je les mets tout de suite dans mon sac !
_ Tiens c'est marqué quand ça commence: début à huit heures !
_ Oui, exact, début à huit heures. Vendredi 17 février.
_ Comment, vendredi ? Mais aujourd'hui on est seulement jeudi !
FIN
La pièce en vidéo.
En représentation au foyer de Couffoulens, le dimanche 10 février 2008.
"LA SORTIE AU THEATRE"
de Pierre SAUVIL
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FIN